Plongée dans la révolution qui a détruit Daech

Ils ont vaincu l'État islamique. Dans le nord de la Syrie, les Kurdes et leurs alliés arabes et assyriens s'autogouvernent au sein d'assemblées locales, multiethniques et paritaires. Dans L'1nterview n°1, deux combattants anarchistes dévoilent les passionnantes coulisses militaires, politiques, sociales et économiques de cette révolution.

«Se dire révolutionnaire, ce n’est pas juste manifester ou poster des liens sur Facebook, c’est être prêt à tout sacrifier. Si j’étais mort, je serais tombé pour une cause juste. De toute façon, je n’ai jamais aspiré à finir grabataire à 80 ans.» Militant anarchiste, Arthur a combattu en Syrie. C’est pour défendre la révolution kurde au Rojava, dans le nord du pays, que ce Belge a affronté Daech.

Au printemps 2018, Arthur a multiplié les conférences en France, accompagné de son camarade américain Argesh. Leur objectif : médiatiser une expérience politique qui pourrait changer le visage du Proche-Orient.

Car au Rojava, la population s’autogouverne. Les Kurdes et leurs alliés arabes et assyriens mènent depuis 2012 une révolution «horizontale», multiethnique et féministe, influencée par les écrits du théoricien américain Murray Bookchin. «Pour la première fois depuis la guerre d’Espagne [en 1936], des anarchistes contrôlent un territoire de la taille d’une nation», résume le magazine américain Rolling Stone.

Aucun pan de la société n’échappe à cette démocratisation radicale. Les officiers, élus par leurs unités pour trois mois, lavent la vaisselle et assurent les tours de garde comme tout le monde. Les entreprises sans patron se multiplient. Les habitants décident ensemble de tous les aspects de la vie quotidienne au sein de conseils de quartier, de village et de ville. Le système judiciaire se fonde sur la conciliation et la réinsertion – au point que d’anciens membres de Daech font désormais partie de l’armée. Les différentes ethnies se partagent les responsabilités. La parité s’applique à toutes les fonctions. Et les choix effectués par les organisations de femmes sont prioritaires.

Depuis des années, des volontaires étrangers quittent leur pays, risquent leur vie et meurent pour défendre cette révolution. Quelles sont ses réussites et ses limites? Peut-elle survivre à ses ennemis après la chute de la région d’Afrine, prise par la Turquie et ses supplétifs islamistes? Comment appliquer des principes humanistes en pleine guerre civile? Quelle est l’influence des troupes américaines présentes dans la zone? Et que peut nous apprendre le Rojava? Telles sont quelques-unes des dizaines de questions auxquelles Arthur et Argesh répondent avec honnêteté et érudition.

De multiples encadrés et notes de bas de page, nourris des meilleures références bibliographiques sur le sujet, complètent cette plongée édifiante dans l'un des conflits majeurs de notre époque.

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